Cette vidéo fait allusion à un fait divers qui a fait grand bruit aux Etats-Unis à l'époque. En France... A se demander si c'est politiquement correct d'envisager que ça puisse se produire ici chez nous. Jusqu'au jour où l'opinion publique sera froidement mise devant le fait accompli.
Il y a 9 ans aujourd'hui (6 octobre 1998), à Laramie (27 000 habitants, Wyoming, nord-ouest des Etats-Unis), Matthew Shepard, 22 ans, homosexuel, a le malheur d'aller dans son bar homo favori. Là, il fait connaissance de deux gars (20 et 21 ans) un peu désoeuvrés, à tel point que leur jeu favori, c'est de se faire un pédé (forcément, il n'y a pas d'homosexuels pour eux mais que des pédés).
Ils le torturent dans les règles de l'art et le laissent pour mort attaché à la barrière en bois d'un champ (la barrière que l'on voit dans la vidéo et qui fait la couverture du magazine Time intitulé "War over Gays" dans la vidéo). Le corps de Matthew Shepard sera retrouvé 18 heures après par un cycliste qui passait par là, ce qui n'a rien arrangé. Matthew Shepard est mort 6 jours après à l'hopital, sans jamais s'être réveillé.
Le président alors en exercice (Bill Clinton), devant la réaction nationale, a voulu faire passer une loi contre la haine. Mais comme toujours, comme il n'avait pas la majorité au Parlement et que sa loi aurait été très populaire, eh ben, elle est jamais passée. Donc les crimes homophobes aux Etats-Unis ne sont toujours pas réprimés de manière uniforme au fédéral et le FBI ne peut pas aider, puisque selon la loi, de tels crimes n'existent pas.
L'enterrement a été un monument de cruauté pour les proches: forcément, des conservateurs bon teint n'ont rien trouvé de mieux que de manifester bruyamment à l'extérieur leurs opinions sur l'homosexualité (Beaucoup d'échantillons dans cette vidéo et ces mêmes militants s'étaient promis de faire le même Barnum pour l'enterrement de Heath Ledger, le héros de Brokeback Mountain. La famille de Heath Ledger a été "épargnée" parce que l'acteur était australien et qu'il a été enterré dans son pays).
Les assassins ont été jugés (ce sont les deux gars habillés en orange dans la vidéo, dans un box. Ils ont été condamnés à la prison à perpétuité sans possibilité de libération). Là encore, rien n'a été épargné aux proches de la victime: ils ont eu droit eux aussi au "Gay Panic Defence". C'est un argument de plaidoirie où les prévenus reconnaissent leur faute (allègement de peine) mais ils se seraient fait draguer par la victime alors qu'ils sont hétéros et ils auraient sombré dans une forme de démence qui les auraient poussés au crime. On sait bien que quand on va dans un bar homo, on risque d'y rencontrer des... homos. (Le Gay Panic Defence a valu des allègements de peine mais jamais le moindre acquittement).
A la fin de la vidéo, on voit des hommes (et quelques femmes) homos qui ont été tués ou agressés parce qu'homos. On remarquera combien ils sont vachement différents des autres êtres humains du seul fait d'être homo!!!
Une traduction (humble!) des paroles de la chanson en fond sonore.
PS: La chanson en fond sonore est "Beautiful" par Christina Aguilera (je n'ai pas à coeur de mettre la vidéo sur ce post, cliquez sur le lien pour la visionner)
Une traduction (humble!) des paroles de la chanson
Beautiful (Beau)
(Regarde moi)
Chaque jour est si fabuleux, puis soudain
Il est difficile de respirer
Maintenant, je me sens en insécurité à cause de la douleur
J'ai tellement honte
Je suis beau quoi qu'ils en disent
Les mots peuvent me foutre le moral à zéro
Je suis beau dans tous les sens
Oui, les mots peuvent me foutre le moral à zéro, oh non,
Alors, ne me fous pas le moral à zéro aujourd'hui
Pour tous tes amis, tu es délirant
Si engagés dans leurs trucs
A essayer difficilement de remplir le vide, les pièces manquantes
A laisser le puzzle inachevé, est-ce bien ça
Tu es beau quoi qu'ils en disent
Les mots peuvent te foutre le moral à zéro, oh non,
Parce que tu es beau dans tous les sens
Oui, les mots peuvent te foutre le moral à zéro, oh non,
Alors, ne me fous pas le moral à zéro aujourd'hui
Quoi qu'on fasse
Quoi qu'on dise
Nous sommes la chanson dans le poste
Pleins de belles erreurs
Et où que nous allions
Le soleil brillera toujours
Et demain nous devrions
Nous réveiller sur l'autre bord
Parce que nous sommes beaux quoi qu'ils en disent
Oui, les mots ne nous foutront pas le moral à zéro, non, non
Nous sommes beaux dans tous les sens
Oui, les mots ne peuvent pas nous foutre le moral à zéro, oh non,
Alors ne me fous pas le moral à zéro aujourd'hui
Ne me fous pas le moral à zéro aujourd'hui
Ne me fous pas le moral à zéro aujourd'hui
1 contributions:
En 1998, quand Matt est mort j'ai pleuré pendant quasiment deux jours entiers, l'horreur du crime, sa barbarie, sa cruauté, m'avait bouleversé au plus profond de mon être. J'avais environ 15 ans et j'avais découvert que j'étais gay : inutile de dire que je me sentais concerné, tout comme aujourd'hui d'ailleurs. En outre je me suis renseigné plus avant sur sa vie, sa personnalité : cela m'a encore plus bouleversé, et je me suis dit que la vie était vraiment injuste et cruelle. Matthew était petit, avec un physique un peu androgyne et gracieux, il était sujet au moqueries et à la brutalité, parce qu'il était une cible facile pour de grands courageux, néantmoins il gardait le sourire, il aussi été violé lors d'un séjour au Maroc, plus tout le reste... Bref, l'horreur ! Matt n'était pas quelqu'un de mauvais semble-t-il : il était extrêmement généreux, intelligent, gentil, un peu naïf peut-être, et beau garçon, avec une sensibilité d'écorché vif... Au fond c'est ce qui a causé sa mort, mais c'est aussi ce qui fait qu'on se rapelle de lui.
Chaque 12 octobre je me sens très triste et il m'arrive de pleurer en pensant à tant d'injustice et de cruauté. Personne ne mérite de mourir de la sorte : une personne douce et gentille comme Matt encore moins.
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