vendredi 5 octobre 2007

Coming-out

Je suis entouré de gens autour de moi qui me sentent bien dans mes baskets (un peu trop, je vais freiner cet affichage dans mon comportement, moi... Je déplore mais ça va s'avérer rapidement nécessaire, j'en ai bien peur).

Les gens se confient à moi, en me disant qu'ils sont homos. A les voir, ils sont super mal dans leur peau. Il ne faut pas gratter bien profond pour se rendre tout simplement compte qu'ils n'ont pas fait leur coming-out aux deux personnes qui comptent le plus dans leur vie: Papa & Maman. Attention, j'ai bien dit: "Papa & Maman", c'est volontaire, je n'ai pas employé les termes de père et de mère, ni de parents. Ils sont dans un rapport de grand fiston qui a grandi trop vite à Papa/Maman chéris. Ils hurlent en silence leur homosexualité par tous les pores de leur peau, ils sont au bord de très graves dépressions.

Ils ont franchi toutes les haies de la course de l'épanouissement sexuel dans leur vie. Je ne suis pas en mesure de dire si ça s'est passé de façon satisfaisante ou brillante, je m'en fiche. Et puis, reste la dernière haie, qui leur semble bien plus haute que les autres. Ils sont défaitistes par rapport à l'épreuve, ils ont peur. Une peur ne s'explique pas, elle se respecte, elle pousse souvent à des comportements inconsidérés et dangereux et personne ne devrait jamais les accepter. La personne concernée doit alors faire le nécessaire, en général chez un spécialiste.

Le spécialiste ne peut aider que dans la limite de ses compétences, dans le temps et les délais qui lui sont impartis. Le spécialiste n'est qu'un spécialiste, ce n'est pas Dieu le père qui a réponse à tout, c'est un être humain comme un autre avec son caractère, sa sensibilité, ses qualités et ses défauts. Son patient a lui aussi un travail personnel à réaliser. Aussi simplement que les élèves à l'école: il faut faire des travaux d'application en rentrant chez lui le soir.

Le travail d'application en l'occurence, c'est faire son coming-out, dire à Papa, à Maman que oui, il y a l'apprentissage que tu m'as apporté jusqu'à aujourd'hui, avec ses qualités et ses défauts, mais aujourd'hui, c'est à moi de faire mon choix de vie. Tu ne pourras pas tous les approuver mais maintenant, j'ai le personnage principal de la pièce de théâtre de ma vie à incarner. Il y a toujours plusieurs personnages dans une pièce de théâtre, il y a toujours des conflits mais les personnages respectent ceux qu'ils ont en face d'eux (en règle générale, les meurtres ne courent pas les rues dans les pièces de théâtre!) La vie peut-être considérée comme une pièce de théâtre.

Comment faire son coming-out ? La meilleure façon de le rater, c'est de suivre la recette de cuisine la plus convenue. Depuis peu, j'ai réussi à en définir les grandes orientations pour le réussir. Le coming-out, c'est la pièce de théâtre que je disais plus haut mais c'est aussi le discours de sa vie, l'affirmation d'être homosexuel, quoi qu'en pense Papa/Maman. La fierté d'être homosexuel ? Quelle crétinerie ! Quelle fierté y a-t-il à se dire homosexuel ? Quelle fierté y-a-t-il à se dire blond ? Quelle fierté y-a-t-il à se dire aux yeux bleus ?

Je crois que l'on peut comparer un coming-out à un discours de n'importe quel personnage public, c'est le discours du départ de sa vraie vie sexuelle au monde. Prenez n'importe quel personnage public (politique, syndicaliste, principalement), ils ne choississent rien au hasard. Pourquoi tel jour et pas tel autre ? Pourquoi à tel endroit ? Pourquoi un tel cadre et un tel décor ? Quand un personnage politique fait acte de candidature à l'investiture de son parti pour l'élection présidentielle, il ne monte pas à la tribune en disant: "Je suis candidat, votez pour moi, merci au revoir.". Il organise son discours, il n'a pas honte d'avoir consulté ses conseillers, ses proches, il ne s'habille pas n'importe comment. Il ne faut peut-être pas pour l'exagération à faire son coming-out à la manière d'un discours d'un très important personnage politque, mais il faut s'en inspirer.

Et la peur de l'assistance ? Oui et ce n'est pas drôle à envisager, de la même manière pour celui qui fait son coming-out que pour monsieur Sarkozy en déplacement ou que pour l'humoriste qui finit sa soirée de représentation.

Et si ça se passe mal ? Je veux très vite évacuer la réalité de la jalousie, du parent qui s'est marié par convenances sociales pour masquer son homosexualité. Si son enfant lui fait son coming-out, il n'a pas à lui faire payer les responsabilités qu'il n'a jamais voulu prendre... Je crois que ça doit exister mais c'est indigne. Il y a aussi les convictions culturelles ou confessionnelles. A évacuer très vite également, toutes les confessions évoquent la notion de tolérance qui suppose l'acceptation de toute forme de différence. Mais il y a toujours loin de la coupe aux lèvres...

Sinon, si le coming-out se passe mal, ben, y a pas de mystères, c'est que le coming-out a été mauvais, il faut envisager cette possibilité pour réaliser un bon coming-out. Nos personnages publics ne sont pas exempts de faire de mauvaises prestations malgré leur ribambelle de conseillers, nous non plus. Un mauvais coming-out, comme le mauvais discours, c'est celui qui n'est pas persuasif, mal ficelé parce que trop mal préparé, trop bâclé qui donne l'impression que dans 3 jours, on fera machine arrière puis retour, 3 jours après... Le truc chiant pour l'auditoire, on ne progresse pas.

Si le coming-out est bien ficelé, bien préparé, le discours tient tout seul ("Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément"). La seule interruption possible peut être due par n'importe quelle forme d'émotion. Dans la mesure où elle est spontanée, elle est forcément sincère, donc respectable.

Comme je l'ai dit plus haut, l'auditoire du coming-out ne veut pas d'aller-retours homos/hétéros et il testera par tous les moyens à sa disposition la conviction de cet instant déterminant. L'auditoire cherchera symboliquement par tous les moyens à porter le discours moins audible, se sentir apparemment pas ou moins concerné. C'est à celui qui fait son coming-out de réprimer ça, de rester maître de la situation par une grande rigueur, mêmes des efforts s'il le faut.

Je crois qu'un être humain digne de ce nom peut avoir toutes les convictions qu'il veut mais s'il est vraiment humain, il ne se montrera jamais opposé au bonheur le plus fondamental de son enfant, quel qu'il puisse être. (Cf Dick Cheney, vice-président américain en exercice, réputé très conservateur et qui a toujours pris la défense de sa fille lesbienne durant sa grossesse et son accouchement). Le parent peut en arriver à dire les pires abominations sur l'instant, il a des émotions, il a une dignité, il a une histoire, il a un ressenti... qu'il faut respecter, en dépit de la douleur incommensurable qu'il peut provoquer. Tôt ou tard, il le regrettra amèrement. Il éprouvera du remords très vite, remords qui doit être exprimé très vite sinon c'est une douleur qui ronge gravement. C'est une épreuve d'auto-récupération très difficile, aussi difficile que le coming-out. L'auteur des propos abominables doit faire ce travail de responsabilisation et celui qui a fait son coming-out doit montrer une disponibilité très permanente à réamorcer une communication, mais pas absolue. Une disponibilité rigoureuse, aucun laxisme ne peut plus être toléré. Je dis ça parce que je suis persuadé que sur le lit de mort, il y aura eu réconciliation entre les deux, réconciliation spirituelle à défaut de réconciliation par les mots. Autant éviter tout gâchis dans la communication familiale.

Je connais le cas d'un homme très âgé qui a probablement deviné son fils homo. Et je pense que le père a deviné et qu'il s'interdit chaque jour de mourir pour entendre son fils lui dire: "Papa, j'ai trouvé ma voie et mon bonheur, c'est l'homosexualité." C'est probablement pas ce que le père avait envisagé pour son fils mais il voudrait partir en sachant son fils heureux et épanoui (ce qui n'est pas du tout le cas, bien évidemment!!!).

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