Le 3 janvier prochain vont commencer les élections primaires américaines, première étape de l’élection présidentielle américaine.
Rien dans la Constitution américaine n’exige la tenue des primaires, ce n’est qu’un usage très ancien pour désigner les candidats de chaque parti. (En 2004 si je me souviens bien, le parti républicain de George W. Bush avait décidé de ne pas en organiser puisqu’il y avait consensus général au sein du parti pour le désigner comme candidat à l’élection présidentielle, qu’il a gagné).
En 2008, aux termes de la Constitution, le président sortant arrive au terme de deux mandats consécutifs et il ne peut pas se représenter donc les deux partis (le parti démocrate de Hillary Clinton et le parti républicain de George W. Bush, parti qui se veut parti des valeurs morales puritaines malgré tous les sex-scandals récents, Larry Craig, Ted Haggard, Mark Foley & co). Ces deux partis doivent se soumettre à l’usage des primaires.
Au sein de chaque parti, toute personne ayant une notoriété suffisante et désireuse de devenir président(e) annonce son intention de devenir président. Les candidats actuellement (fin décembre 2007) parlent actuellement que pour se faire connaître du public.
En janvier, les élections primaires vont commencer. Toute élection primaire se fait au niveau des états. Chaque section du parti décide au niveau de l’état quelle forme de primaire il souhaite organiser. Soit un “caucus” (seuls les cadres du parti participent au scrutin, explication dans une vidéo du staff de campagne de Hillary Clinton, en anglais).
Il peut également s'agir d'une primaire ouverte (tout habitant de l’état inscrit sur les listes électorales de l'état peut participer au scrutin), soit une primaire fermée (seuls les adhérents du parti peuvent participer au scrutin). Ce sont les adhérents les plus mobilisés de chaque parti qui font traditionnellement le résultat des primaires (ils savent qu'ils ne feront pas l'élection, trop "extrémistes" mais que le candidat de chaque parti se fait dans les primaires qui ne mobilisent pas tellement l'américain lambda... D'où la place importante de la religion dans le combat des primaires chez les Républicains, le parti qui se veut défenseur des valeurs morales. Mais l'autre parti, le parti démocrate, ne peut pas être en reste puisque dans certaines primaires, le même électeur américain choisit le candidat républicain et démocrate qu'il veut voir désigné pour la présidentielle de novembre...)
Quel scrutin ? Les gens en mesure de voter votent pour le candidat qu’ils souhaitent voir investi au sein du parti, ce qui intéresse vraiment tout le monde. Protocolairement, les électeurs votent pour les représentants de tel ou tel candidat à l’investiture du parti (fin de l'été au cours de la convention du parti, voir plus loin). Toute l’élection présidentielle américaine se fonde sur les états en fonction de leur population, donc les candidats aux primaires (puis à l’élection présidentielle) se décarcassent véritablement pour les états les plus peuplés (Texas, Californie, les états de la côte ouest, les états du Middle West sont diplomatiquement négligés...L'Iowa, état du Middle West, a son intérêt pour être un des premiers à l'organiser, ce qui permet de dégager un premier écrémage)
Chaque candidat acquiert des représentants. Très vite, certains en accumulent un très grand nombre et d’autres, un nombre ridicule. Les autres abandonnent et se rallient à d’autres candidats au sein du parti. Les primaires durent généralement le premier semestre de l’année de l’élection présidentielle et coûtent très cher à organiser. Plus on avance dans les primaires, plus les candidats à l’investiture du parti se dégagent. Les dernières primaires sont souvent un secret de polichinelle. En 2008, aucun état ne veut être le dernier état à organiser un tralala/secret de polichinelle, donc tout le calendrier a été resserré. Mais les candidats devront alors jouer de stratégie pour savoir dans quel état ils devront être le jour où il y aura plusieurs primaires déterminantes d’organisées.
Au terme des primaires, il suffit de comptabiliser le nombre de représentants de chaque candidat à l’investiture et qui est toujours en lice pour savoir qui va être le candidat officiel de chaque parti.
Il y a une grande messe électorale (fin de l’été), un grand carnaval pour officialiser tout cela avec un scrutin très festif que l’on appelle “la convention du parti”. Pour le parti démocrate, il aura lieu du lundi 25 août 2008 au jeudi 28 à Denver, Colorado alors que la convention du parti républicain commencera le 1er septembre 2008 à Saint Paul, dans le Minnesota.
Protocolairement, l’enjeu est la désignation du candidat officiel du parti (même si tout le monde le sait avant). Le “ticket” est élaboré (aux Etats-Unis, lors de l’élection présidentielle, on vote pour le ticket, le couple Président/Vice-président. (Même s’ils sont élus ensemble, il est déjà arrivé que les deux hommes appelés à travailler ensemble se détestent. En règle générale, il est bien évident que les motivations derrière le choix du vice-président sont, bien sûr, de nature électorale : il s'agit d'équilibrer le ticket afin de le rendre attrayant dans un maximum d'États. Par exemple, si le candidat principal est issu d'un état du sud, son co-listier sera probablement issu d'un état du nord ; s'il est perçu comme étant un modéré au sein de son parti, on choisira un co-listier plus engagé, etc.
Le véritable enjeu est la discussion des courants entre eux pour le grand marchandage des postes à pourvoir (ambassades, fonctions ministérielles, nominations présidentielles).
Commence ensuite la campagne électorale puis l’élection présidentielle, chaque parti ayant son candidat officiel.
L’élection est au suffrage universel indirect. Dans l’usage, l’électeur américain vote pour son candidat au niveau fédéral. Dans les faits, selon la Constitution, il vote pour la liste de Grands Electeurs du parti de son candidat. Les votes sont comptabilisés au niveau de chaque état. L’état qui remporte la majorité simple des voix remporte tous les Grands Electeurs de cet état. Le nombre de Grands Electeurs d’un état est (pour faire simple) proportionnel à la population de cet état. Donc les états les plus peuplés sont les plus courtisés (En 2004, un état très peuplé, j’ai oublié lequel, a vu passer une quarantaine de fois le candidat Bush alors que des états beaucoup moins peuplés ne l’ont jamais vu...)
Au soir du vote, il suffit de compter qui a remporté le plus grand nombre de Grands Electeurs. Constititutionnellement, il y a un protocole à respecter (les Grands Electeurs se réunissent et élisent le président mais vu leur majorité, on sait qui va récolter le plus grand nombre de voix. Une fois ce vote réalisé, les Grands Electeurs ne sont plus rien constitutionnellement mais ils ont marchandé pendant la Convention du parti leur voix...)
Si le général De Gaulle n’avait pas fait adopter par référendum l’élection du président de la République au suffrage universel direct en 1962, nous serions toujours dans un système similaire de désignation du président de la République. (La désignation des maires des mairies centrales de Paris, Lyon, Marseille s’apparente au système de l’élection présidentielle américaine depuis la loi PLM de 1982).
Le système de désignation du président des Etats-Unis par le système des Grands Electeurs est généralement considéré comme particulièrement archaïque aujourd’hui. A l’époque, on élisait les Grands Electeurs par états pour que les résultats ne puissent pas être faussés sur le parcours de plusieurs jours entre la côte ouest et Washington DC.
Rien dans la Constitution américaine n’exige la tenue des primaires, ce n’est qu’un usage très ancien pour désigner les candidats de chaque parti. (En 2004 si je me souviens bien, le parti républicain de George W. Bush avait décidé de ne pas en organiser puisqu’il y avait consensus général au sein du parti pour le désigner comme candidat à l’élection présidentielle, qu’il a gagné).
En 2008, aux termes de la Constitution, le président sortant arrive au terme de deux mandats consécutifs et il ne peut pas se représenter donc les deux partis (le parti démocrate de Hillary Clinton et le parti républicain de George W. Bush, parti qui se veut parti des valeurs morales puritaines malgré tous les sex-scandals récents, Larry Craig, Ted Haggard, Mark Foley & co). Ces deux partis doivent se soumettre à l’usage des primaires.
Au sein de chaque parti, toute personne ayant une notoriété suffisante et désireuse de devenir président(e) annonce son intention de devenir président. Les candidats actuellement (fin décembre 2007) parlent actuellement que pour se faire connaître du public.
En janvier, les élections primaires vont commencer. Toute élection primaire se fait au niveau des états. Chaque section du parti décide au niveau de l’état quelle forme de primaire il souhaite organiser. Soit un “caucus” (seuls les cadres du parti participent au scrutin, explication dans une vidéo du staff de campagne de Hillary Clinton, en anglais).
Il peut également s'agir d'une primaire ouverte (tout habitant de l’état inscrit sur les listes électorales de l'état peut participer au scrutin), soit une primaire fermée (seuls les adhérents du parti peuvent participer au scrutin). Ce sont les adhérents les plus mobilisés de chaque parti qui font traditionnellement le résultat des primaires (ils savent qu'ils ne feront pas l'élection, trop "extrémistes" mais que le candidat de chaque parti se fait dans les primaires qui ne mobilisent pas tellement l'américain lambda... D'où la place importante de la religion dans le combat des primaires chez les Républicains, le parti qui se veut défenseur des valeurs morales. Mais l'autre parti, le parti démocrate, ne peut pas être en reste puisque dans certaines primaires, le même électeur américain choisit le candidat républicain et démocrate qu'il veut voir désigné pour la présidentielle de novembre...)
Quel scrutin ? Les gens en mesure de voter votent pour le candidat qu’ils souhaitent voir investi au sein du parti, ce qui intéresse vraiment tout le monde. Protocolairement, les électeurs votent pour les représentants de tel ou tel candidat à l’investiture du parti (fin de l'été au cours de la convention du parti, voir plus loin). Toute l’élection présidentielle américaine se fonde sur les états en fonction de leur population, donc les candidats aux primaires (puis à l’élection présidentielle) se décarcassent véritablement pour les états les plus peuplés (Texas, Californie, les états de la côte ouest, les états du Middle West sont diplomatiquement négligés...L'Iowa, état du Middle West, a son intérêt pour être un des premiers à l'organiser, ce qui permet de dégager un premier écrémage)
Chaque candidat acquiert des représentants. Très vite, certains en accumulent un très grand nombre et d’autres, un nombre ridicule. Les autres abandonnent et se rallient à d’autres candidats au sein du parti. Les primaires durent généralement le premier semestre de l’année de l’élection présidentielle et coûtent très cher à organiser. Plus on avance dans les primaires, plus les candidats à l’investiture du parti se dégagent. Les dernières primaires sont souvent un secret de polichinelle. En 2008, aucun état ne veut être le dernier état à organiser un tralala/secret de polichinelle, donc tout le calendrier a été resserré. Mais les candidats devront alors jouer de stratégie pour savoir dans quel état ils devront être le jour où il y aura plusieurs primaires déterminantes d’organisées.
Au terme des primaires, il suffit de comptabiliser le nombre de représentants de chaque candidat à l’investiture et qui est toujours en lice pour savoir qui va être le candidat officiel de chaque parti.
Il y a une grande messe électorale (fin de l’été), un grand carnaval pour officialiser tout cela avec un scrutin très festif que l’on appelle “la convention du parti”. Pour le parti démocrate, il aura lieu du lundi 25 août 2008 au jeudi 28 à Denver, Colorado alors que la convention du parti républicain commencera le 1er septembre 2008 à Saint Paul, dans le Minnesota.
Protocolairement, l’enjeu est la désignation du candidat officiel du parti (même si tout le monde le sait avant). Le “ticket” est élaboré (aux Etats-Unis, lors de l’élection présidentielle, on vote pour le ticket, le couple Président/Vice-président. (Même s’ils sont élus ensemble, il est déjà arrivé que les deux hommes appelés à travailler ensemble se détestent. En règle générale, il est bien évident que les motivations derrière le choix du vice-président sont, bien sûr, de nature électorale : il s'agit d'équilibrer le ticket afin de le rendre attrayant dans un maximum d'États. Par exemple, si le candidat principal est issu d'un état du sud, son co-listier sera probablement issu d'un état du nord ; s'il est perçu comme étant un modéré au sein de son parti, on choisira un co-listier plus engagé, etc.
Le véritable enjeu est la discussion des courants entre eux pour le grand marchandage des postes à pourvoir (ambassades, fonctions ministérielles, nominations présidentielles).
Commence ensuite la campagne électorale puis l’élection présidentielle, chaque parti ayant son candidat officiel.
L’élection est au suffrage universel indirect. Dans l’usage, l’électeur américain vote pour son candidat au niveau fédéral. Dans les faits, selon la Constitution, il vote pour la liste de Grands Electeurs du parti de son candidat. Les votes sont comptabilisés au niveau de chaque état. L’état qui remporte la majorité simple des voix remporte tous les Grands Electeurs de cet état. Le nombre de Grands Electeurs d’un état est (pour faire simple) proportionnel à la population de cet état. Donc les états les plus peuplés sont les plus courtisés (En 2004, un état très peuplé, j’ai oublié lequel, a vu passer une quarantaine de fois le candidat Bush alors que des états beaucoup moins peuplés ne l’ont jamais vu...)
Au soir du vote, il suffit de compter qui a remporté le plus grand nombre de Grands Electeurs. Constititutionnellement, il y a un protocole à respecter (les Grands Electeurs se réunissent et élisent le président mais vu leur majorité, on sait qui va récolter le plus grand nombre de voix. Une fois ce vote réalisé, les Grands Electeurs ne sont plus rien constitutionnellement mais ils ont marchandé pendant la Convention du parti leur voix...)
Si le général De Gaulle n’avait pas fait adopter par référendum l’élection du président de la République au suffrage universel direct en 1962, nous serions toujours dans un système similaire de désignation du président de la République. (La désignation des maires des mairies centrales de Paris, Lyon, Marseille s’apparente au système de l’élection présidentielle américaine depuis la loi PLM de 1982).
Le système de désignation du président des Etats-Unis par le système des Grands Electeurs est généralement considéré comme particulièrement archaïque aujourd’hui. A l’époque, on élisait les Grands Electeurs par états pour que les résultats ne puissent pas être faussés sur le parcours de plusieurs jours entre la côte ouest et Washington DC.
1 contributions:
Merci.
Vos explications sont très claires sur l'organistion des primaires.
C'est ce que je recherchais.
Ben
Eguilles, France
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